Je me fais souvent la réflexion que j’ai eu du mal, plus jeune, à prendre de la distance avec mes lectures, et c’est en étant adulte que j’ai commencé à questionner les contenus que je consommais.
Si aujourd’hui, j’essaie d’être plus vigilante, j’aimerais que mes enfants développent au plus tôt leur esprit critique.
Ainsi j’essaie régulièrement de les sensibiliser à cela, notamment en leur disant qu’on peut apprécier une partie d’un livre ou d’un film mais être plus mesuré sur certains aspects qui nous dérangent. Je voulais partager avec vous l’exemple de Charlie et la chocolaterie.

Charlie et la chocolaterie
C’est un livre que j’ai adoré étant petite, je l’ai lu à mes enfants petits, un chapitre par soir, et ils ont tout de suite été fans. Ils ont également vu le film de Tim Burton. Ce n’est que récemment que j’ai réalisé que quelque chose clochait dans l’histoire.
Nous avons emprunté le CD audio de l’histoire à la bibliothèque (nous sommes des grandes consommateurs d’histoires audios car nous n’avons pas de TV). Et j’ai remarqué que la façon dont Willy Wonka parle des “oompa loompa” était clairement problématique.

C’est une tribu de pygmées qui vit au fin fond de la jungle africaine, un européen (Willy Wonka) les découvre et grâce à lui ils accèdent à une “vie bien plus heureuse” (auparavant ils devaient se cacher dans les arbres et manger de dégoutantes chenilles) en travaillant comme ouvriers dans sa chocolaterie et en étant payé en cacao…
Cela ne vous rappelle rien? Vu comme cela, il y a comme un malaise, non?

En réalité, c’est lorsque que Charlie demande s’ils sont en chocolat (puisqu’ils sont noirs) et dans l’audio, on entend le chef des oompa loompa répondre “présentement” avec un accent africain, que j’ai tiqué.
Bref on a clairement des relents de colonialisme, esclavage et exploitation capitaliste saupoudrés d’une pincée de créations magiques qui fascinent les enfants.
Dès lors j’ai pris conscience que d’autres choses clochaient :
“Je veux un Oompa loompa”

Pour appuyer encore plus la référence à l’esclavage, l’une des petites filles présentes, Veruca Salt, dit à son père “Je veux un Oompa loompa”, et celui-ci lui dit qu’elle en aura un “dès ce soir”. De plus, j’ai été choquée quand j’ai réalisé que les oompa loompa servaient de cobayes pour les expériences de Willy Wonka.
J’ai donc décidé de parler de tout ça avec mes enfants, surtout avec la grande (de 7 ans et demi) car je ne suis pas sûre que mon fils de 5 ans comprenne encore bien cette question. Nous avons échangé sur la référence à l’esclavage (une notion qu’elle connait car nous avions visité la Savane des esclaves en Martinique et elle possède un livre sur l’histoire de la Martinique qui en parle), du fait aussi que les oompas loompas étaient en plus présentés de façon caricaturale.
J’espère que ce genre d’échange lui permettra de grandir en étant plus exigeante quand aux contenus qu’elle consommera. Je me rend compte à quel point je manque d’esprit critique.
Je lui ai expliqué que petite car j’avais rêvé de voir la rivière en chocolat et toutes les inventions de Willy Wonka, mais en sachant tout cela a été construit sur le dos d’esclaves, sur fond d’exploitation et très clairement de racisme, c’est très différent.

Cela a été aussi l’occasion de parler du personnage d’Augustus Gloup,qui est une caricature grossophobe.
Bref, apprenons à nos enfants à tenir leur esprit en alerte, à questionner le monde qui les entoure, et essayons de le faire aussi!
Et vous, aimez-vous l’histoire de Charlie et la chocolaterie? Aviez-vous remarqué cet aspect de l’histoire? N’hésitez pas à commenter, je serais ravie d’avoir votre ressenti.